Je m’intéresse aux rapports et liens disparus avec le genre non-humain, réduit à une simple ressource complètement étrangère à ‘’l’homme’’. Prêchant pour une révolution animiste utopique, je mets en perspective une nouvelle réalité anthropologique symbolisant une loi éthique, végétale et réconciliant toutes les formes du vivant.
Au travers du médium qu’est la sculpture, je fais cohabiter différentes techniques de productions artisanales et industrielles. Les matériaux sont eux aussi multiples. Organiques ou synthétiques, leurs combinaisons engendrent de forts contrastes texturés et narratifs. Alimenté par la mémoire émotive de mon enfance, où la découverte de matières animales en décomposition générait la vie, j’envisage le corps comme simple enveloppe matière et véhicule du vivant. Superposé à une fascination pour les arthropodes aux corps segmentés, aux mues évolutives et capacités singulières de développement; j’élabore des combinaisons anatomiques improbables et sensibles.
Revalorisés par leurs réintégrations au sein de masques anthropomorphiques, chaque ‘’débris’’ organiques contribue à la naissance d’une fragile émotion humaine. Outil de métamorphose, le masque animiste illustre l’intériorité d’un esprit animal, végétal ou minéral. Fusionnant l’identité multiple, la corrélation et la complémentarité de plusieurs espèces vivantes au sein d’un même individu; cet objet iconique incarne le lien entre humains et non humains.
Habités par une âme et une force vitale, la totalité des êtres vivants, formait jadis une entité puissante et équitable. Longtemps décrit comme une religion primitive, le concept d’animisme est redéfinit par les anthropologues contemporains comme identité commune des intériorités (humaines et non humaines) mais ayant une consistance physique distincte. Cette notion résonne avec la reconnaissance des identités de genres qui réorganise nos sociétés et notre sensibilité collective. Ainsi, le genre humain se voit enrichit d’une ‘’nouvelle’’ diversité précieuse et progressiste. L’humanité désire-t-elle, guidée par l’empathie et la raison, accorder la même légitimité au genre non humain ?